Empire Throalien - Elkandir

Ce matin là, l'empereur Elkandir se reveilla avec une douleur sourde dans le crâne et une certaine fragilité de l'estomac. Et il aurait certainement dormi encore beaucoup plus longtemps si cet imbécile d'Ildenthos, son majordome n'était venu frapper si violemment à sa porte.
"Votre altesse, réveillez-vous, la situation est critique, il faut absolument vous lever immédiatement!"
"J'arrive... et prépare-moi de l'aspirine en plus de mon petit déjeuner..."
Quel chieur ce manant, que me veut-il encore? Je vais sûrement encore passer ma matinée à recevoir des fonctionnaires incompétents qui me liront des chiffres et encore des chiffres sans même savoir ce qu'ils racontent...
Elkandir commença difficilement à se lever et sortit de son immense lit. Il s'aperçut alors qu'il n'était pas seul dans le lit.
Mais qui est donc cette charmante demoiselle?
.... Il faudra que l'on me raconte la soirée d'hier, les souvenirs sont plus vagues que ce que je pensais....
Il se leva et sortit sur le balcon. La vue était magnifique depuis cet endroit. Le palais d'été de l'empereur était construit sur un ilot au milieu d'un grand delta, sur la planète Liaj. De cet endroit on voyait l'océan au sud, tandis que les montagnes recouvertes de jungles impénétrables se dressaient à l'est.
Elkandir respira quelques instants l'air humide de l'océan en repensant à l'orgie de la veille, puis il aperçut les drapeaux rouges sang du deuil qui flottaient sur les tours du palais. Les nouvelles n'allaient pas être joyeuses aujourd'hui...

"Votre altesse, l'ennemi a pris notre planète mère par surprise dans la nuit, alors que toute la population fêtait comme ici la Nuit Glorieuse d'Ydensis. Il semble que la vigilance des contôleurs spatiaux se soit quelque peu relâchée... et de plus la nébuleuse d'Hayrtes a encore brouillé les communications avec Liaj pendant toute la nuit et nous avons fait la fête sans savoir le carnage qui se déroulait."
"Je vois... et à combien s'élève nos pertes?"
"L'ennemi, dont le commandant se fait appeler Gros Taquin, nous a pillé avec ses 350 Vaisseaux de bataille et a emporté 104469 unités de métal, 19981 unités de cristal et 124147 unités de deutérium.
Nous avons perdu 31 Vaisseaux de Bataille, 5 Bombardiers, 12 Croiseurs, 17 Chasseurs Lourds, ..."
"Oui , toute notre flotte quoi! " rugit l'empereur.
"Encore un de ces guerriers sans scrupules qui n'hésite pas à attaquer les plus faibles!"
"Mais, votre altesse, c'est aussi ce que nous faisons tous les jours..."
L'empereur fixa son regard luminescent sur le conseiller qui avait osé contester son souverain. L'homme, qui était nouveau au conseil de l'empereur, comprit qu'il n'aurait pas du parler. Mais il ne savait pas que c'était la dernière fois qu'il parlait, ou plutôt il commença à comprendre quand il sentit une main invisible commencer à l'étrangler.
De toute façon, je ne l'ai jamais aimé, ce petit fonctionnaire oisif qui passait son temps à s'empiffrer... on dirait un ver de terre en train de se tortiller sur le sol... Ah, ça défoule.
L'homme agonisait sur le sol et personne ne dit mot car tous savaient que s'ils étaient dans cette pièce, ils devaient faire tous les jours leurs preuves et que ceux qui n'y arrivaient pas finissait ainsi. C'était la règle et tous savaient que c'était nécessaire pour parvenir à mener l'empire à la gloire. Telle était la tradition des grande familles de la guilde guerrière throalienne, les hommes étaient élevés depuis leur plus jeune âge dans une rigueur spartiate. Rien ne leur était épargné, et ils devaient notamment avant d'entrer dans l'âge adulte aller passer trois mois dans la rigueur de l'hiver permanent sur Throal, n'ayant pour bagage qu'un manteau et un couteau. Ceux qui en revenaient devenaient de grands soldats de l'empire. Et certains des meilleurs d'entre eux avaient péri cette nuit.
Par contre ce petit homme gras qui venait de mourir n'était pas un guerrier, il était sans doute issu d'une petite famille bourgeoise, peut-être même d'une de ces familles aux idées de démocratie... Elkandir allait devoir penser à faire surveiller sa famille par la suite...
"Bien, vous savez tous que les vacances sont terminées! Affrétez le vaisseau amiral en direction de Throal! Que l'on relance les productions de flotte à fond, il nous faut rapidement de quoi recommencer des attaques! Et envoyez donc un communiqué à l'alliance, certains d'entre eux accepteront peut-être de nous aider un peu pour accélerer le mouvement."

Quelques heures plus tard, le vaisseau arriva en vue de Throal. L'attaque avait du être une attaque éclair, propre. En effet, pas un débris de vaisseau ne subsistait à l'endroit où aurait du se trouver la flotte en stationnement, tout avait déjà été recyclé. On voyait depuis l'espace que les villes étaient encore en flammes. Les défenses étaient pour beaucoup en ruines, bien que les réparations aient commencé. Et l'empereur put le vérifier, les réserves de ressources avaient bien diminué...

"Je jure solennellement sur mon honneur que cet affront sera un jour payé, quel que soit le temps qu'il me faudra pour y parvenir."

Petit à petit, la reconstruction de Throal avançait, de grands bâtiments s'érigeaient à nouveau, preuve que la splendeur de l'empire n'avait connu qu'un simple revers. La flotte impériale avait déjà repris du service, les élites du peuple combattant avaient déjà écrasé de nombreuses planètes depuis cette terrible défaite. Mais on sentait une différence chez les Throaliens désormais : toujours aussi fiers, ils possédaient désormais une rage de vaincre et de vengeance qui rendait leur détermination inécrasable.
Mais l'empereur, bien que cette rage l'emplisse également tous les jours, avait désormais décidé de jouer la prudence. En effet, la reconstruction était rapide, mais il n'en aurait pas été ainsi sans l'aide de Fumsec et Lofwir, et les dettes sont encore là.
Il s'agissait désormais de briller encore plus par les victoires, mais comme il faut toujours apprendre de ses erreurs, la prudence serait désormais de mise.

Mais aujourd'hui, mes préoccupations sont toutes autres. J'ai passé ces derniers temps à préparer la guerre contre le Seigneur des Anneaux, cet infâme confédération qu'il nous faut réduire à néant, et aujourd'hui mes espions ont une fois de plus confirmé ce que je pressentais: je n'ai même pas de cible potentielle dans cette guerre... Mais mes hommes rongent déjà leur frein, il faut que je prenne une décision.
"Mes fidèles lieutenants! Aujourd'hui notre vénérable alliance a commencé à frapper les positions que nous avons réussi à arracher des secrets de l'ennemi. Je vous en félicité, vous avez bien travaillé. Cependant, comme vous le savez, notre position, à la fois spatiale et notre position de reconstruction pas encore achevée, ne nous permet pas encore de prendre part à cette guerre.
C'est pourquoi j'ai décidé d'écraser enfin ces incapables de la Deutsch Ramsh, qui ont encore osé me supplier aujourd'hui alors qu'ils n'ont qu'entrevu nos sondes d'espionnage. Le combat sera rude mes frères, car notre flotte n'est pas terminée, mais je vous promet de grandes victoires, et nous verrons un seul empire détruire une alliance entière."
Et une gigantesque ovation s'éleva dans l'immense cour en contrebas du balcon d'où Elkandir avait parlé, et toute l'armée de Throal scanda le nom de son empereur.
Et dire qu'il ne m'ont pas fait grand chose tout de même ces bougres d'ennemis... Il fallait bien que je trouve un peu d'exercice à donner à mes hommes... et puis cette bataille ne sera peut-être pas si facile, qui sait?

Depuis près d'une semaine, les combats s'enchaînaient et les victoires se comptaient par dizaines tous les jours, mais les fiers guerriers throaliens étaient déçus. En effet, la guerre contre la Deustch Ramsh n'avait pas été bien passionnante : ces peuples si arrogants auparavant avaient subi les raids répétés des throaliens sans broncher.
Certes la victoire était au rendez-vous, mais l'armée aurait préféré pouvoir inscrire dans son histoire quelques belles batailles et que cette guerre ne se résume pas à du pillage de planètes bien vite sans défense.
Mais l'empereur Elkandir avait tiré des conclusions de ses défaites mais aussi de cette guerre facile et réfléchissait désormais à une nouvelle stratégie pour parer de nouveaux revers.
En effet, les pillages, certes peu distrayants pour l'armée, apportaient beaucoup au peuple. Cette nouvelle richesse apportait paix et tranquilité au sein de la planète qui se remettait peu à peu des guerres passées. On ne voyait déjà quasiment plus les traces, les reconstructions avaient été rapides, et les habitants pouvaient enfin regarder la surface de la planète restaurée par les habiles terraformeurs.
En cette période plutôt florissante, Elkandir, qui venait de passer ordre d'une dizaine de pillages, se reposait un moment dans sa demeure à 300 mètres sous terre, en plein coeur de la capitale Valurus. Il était assis au milieu de son jardin et lisait le "Petit traité de la planète Throal et ses habitants"...
Hum, un traité sur notre peuple écrit par un étranger... voyons ce que ça peut donner...

Traité sur la Planète Throal et ses habitants

Chapitre 1 : Les origines

Il y a fort longtemps, en des temps immémoriaux, la planète Throal n'avait pas du tout le même aspect qu'aujourd'hui, d'ailleurs on ne l'appelait pas Throal, certains l'appelaient Ümthelis, tandis que le petit peuple la dénommait simplement Mère. C'était une planète accueillante au climat tempéré sur la quasi totalité de sa surface.
La planète était principalement recouverte d'immenses forêts, mais aussi d'innombrables chaînes de montagnes qui constituaient les seuls endroits glacés de la planète.
Sur cette belle planète verte vivaient deux peuples.
Les elfes peuplaient les forêts de toute la planète, c'étaient de grandes créatures ressemblant beaucoup aux humains, au corps parfait et les oreilles pointues. Les elfes étaient très proches de la nature et vivaient dans la forêt tout en se consacrant à des activités plutôt artistiques.
Les nains quant à eux, peuplaient le sous-sol de la planète. Petits et trapus, ces créatures étaient de grands travailleurs qui travaillaient à de grandes constructions souterraines et à l'extraction de minerais précieux.
Les deux peuples n'avaient pas grand chose en commun, certains ne s'appréciaient même franchement pas, et des conflits réguliers éclataient. Depuis les grandes guerres de l'Orichalque qui virent la mort de plus de la moitié de chacun des peuples, chacun vivait donc de son côté.

Les deux peuples étaient encore très primitifs alors que de grandes nations parcouraient déjà la galaxie, et Throal n'était donc pas préparée à ce qu'on appela le Châtiment.
Des astronomes elfes se rendirent compte il y a environ 12000 ans que la nébuleuse de Hayrtes se rapprochait petit à petit du système solaire. A la même époque, Errinas, un scientifique marginal avança une théorie farfelue sur les trous noirs, affirmant que ces derniers devaient être une sorte de passage vers une dimension altérée, ceci alors même qu'on venait de découvrir un trou noir à la surface de la nébuleuse. Mais la maitrise elfique de la magie n'était pas suffisante pour envoyer des gens dans l'espace et personne ne prit Errinas au sérieux.
Aussi Errinas s'exila à la recherche des nains, avec qui les elfes avaient depuis longtemps perdu le contact, espérant que leur légendaire maîtrise de la technologie et de la mécanique pourrait lui servir.
Quand Errinas arriva au pays nain, qui portait le nom de Throal, il fut tout d'abord accueilli avec beaucoup de curiosité mais aussi de méfiance, car les nains ne s'étaient pas non plus intéressés à leurs voisins depuis des siècles, puis il essaya de convaincre les nains à sa théorie.

[suite au prochain épisode ... n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire Smile

]

Traité sur Throal et ses habitants, chapitre 1 (suite)

On ne sait pas si les nains furent plus intéressés par les trous noirs ou par le défi que représentait l'idée d'envoyer un engin dans l'espace, toujours est-il que le roi nain accepta avec enthousiasme ce projet fou.
Errinas participa activement à l'élaboration de la première navette spatiale car il dut partager ses connaissances sur le monde extérieur avec les nains qui vivaient depuis si longtemps sous terre.
Au bout de quelques années de théorie, les nains décidèrent d'envoyer une expédition à la surface pour envisager d'établir une base de lancement. Les petits hommes découvrirent qu'au-dessus de leurs têtes se trouvait le cratère d'un gigantesque volcan éteint en plein milieu des montagnes et ils commencèrent la construction la plus gigantesque de tous les temps à la surface de la planète, dépassant d'une bonne centaine de mètres de haut les flèches des grandes tours blanches elfes que l'on apercevait au sud des montagnes.
Les nains étaient très ingénieux et bien qu'ils préfèrent la sécurité de leurs tunnels, les plus téméraires mirent au point les premiers engins volants en quelques dizaines d'années.
Les années passaient et les moyens déployés pour arriver à l'aboutissement du projet spatial étaient de plus en plus faramineux. Mais le roi nain ne voulait en fait pas s'arrêter à un simple projet de navette spatiale, il était en train de lancer une véritable révolution technologique pour son peuple. En effet, en moins de 40 ans furent successivement découverts la vapeur, l'électricité, le chemin de fer, les premiers avions puis le moteur à explosion.
Les elfes, qui vivaient depuis des millénaires à une époque médiévale dans leur forêt, cultivaient la simplicité, mais aussi un grand savoir théorique qu'ils considéraient comme absolu et inaltérable. Ils ne virent donc pas d'un bon oeil le retour des nains à la surface, surtout avec la quantité d'idées nouvelles qu'ils apportaient, aussi les premiers contacts restèrent très succints.
Au bout d'une petite centaine d'années, le premier lancement eut lieu. Ce fut évidemment une catastrophe, car le roi, ainsi que ses ingénieurs d'ailleurs, étaient bien trop pressés et passèrent outre une quantité de derières vérifications. La navette se crasha lamentablement dans les montagnes. Une navette spatiale à vapeur semblait peu adaptée finalement...
Mais au fur et à mesure que les années passaient, et que les nains s'adonnaient à leurs essais, Errinas finit par reprendre contact chez les elfes. Certains de ses anciens amis voulaient le rejoindre, ainsi que de jeunes elfes impressionnés qui croyaient à cette nouvelle ère apportée par les nains et le vénérable elfe. Et petit à petit, un village, puis une ville magnifique s'érigea sur les flancs du volcan, où elfes et petits hommes se côtoyaient au quotidien, sans le moindre problème, car tous étaient attirés par ce même but d'évolution et de révolution dans tous les domaines.

C'est alors qu'un grand théoricien nain, Albert Instin Very Happy

, mit en avant sa théorie sur l'énergie, puis l'appliqua à la construction des premiers réacteurs à combustion. Cette fois-ci, la révolution spatiale était en marche.
Les essais suivants furent couronnés de succès et on assista bientôt aux premiers vols en orbite, puis aux premiers vols habités, et enfin, une expédition, le Messager de l'Aube, fut envoyée pour examiner la nébuleuse de Hayrtes.
Le contact avec la navette fut perdu pendant 20 ans.
Entre temps, des phénomènes étranges commencèrent à se produire sur la planète. Des orages et des tempêtes électromagnétiques avaient lieu, puis il se mit à tomber une sorte de neige rouge sang, qui était terriblement glacée. Errinas, qui était déjà mourant par son grand âge de 324 ans, mit en garde la population contre la nébuleuse qui provoquait selon lui ces phénomènes.
Puis enfin, le messager de l'Aube reparut. En piteux état et complètement choqués, les membres de l'expédition affirmèrent n'être partis que pendant un mois, et qu'il fallait au plus vite trouver une solution contre ce qu'ils avaient vu. Les explorateurs étaient passés dans une dimension parallèle, où une planète peuplée de créatures terribles gravitait autour du trou noir. D'après ce qu'ils avaient pu comprendre, ces créatures, toutes plus infâmes et diaboliques les unes que les autres, passaient dans ce trou noir pour aller détruire des mondes entiers et en ramener une partie de la population pour la torturer...
[ suite au prochain épisode... ]